Témoignages mobilités vertes

Bonjour à tous.

On m'a demandé de vous écrire un témoignage pour vous motiver, pour nous motiver, pour se motiver à utiliser des transports verts.

Alors pour commencer, il n'y a pas de transports verts. Bouger, c'est dépenser de l'énergie, c'est laisser une trace, c'est brûler, écraser, tasser, détruire et donc consommer. A moins que vous ne soyez une goutte d'eau qui dévale les torrents, un oiseau qui joue avec le vent, une graine qui attend d'être digérée, vous ne vous déplacerez pas de façon verte.

Mais bouger c'est aussi répondre à une tension, celle de la découverte, du partage, de la rencontre de laquelle naît la nouveauté. C'est créer du lien et c'est donc une forme de sympathie à l'état pur, la sympathie du déplacement, que vous soyez un électron, une molécule de dioxygène, ou un étudiant.

Donc ma première recommandation serait celle ci, toute simple, votre voyage sera t-il "sympathique"? Répondra-t-il à une tension suffisante pour justifier le déplacement, une tension créatrice? Si ce n'est pas le cas, existe t-il moyen d'augmenter la tension, en combinant par exemple différents objectifs à votre voyage ? En ajoutant des rencontres qui n'étaient pas prévues, en s'attardant en route pour l’enrichir, etc... Sinon, est-il vraiment nécessaire?

On doit aussi revenir au premier point, comment réduire la consommation que représente un déplacement?
Il n'y a pas de réponse unique, mais en général, en prenant son temps, cela fonctionne assez bien. Énergie corrélée à vitesse... vous voyez la logique. Si je baisse la vitesse, je baisse l'énergie nécessaire. Et si on baisse vraiment la vitesse, il se passe un truc génial, le déplacement redevient un temps de vie.

Prenons l'exemple simple d'un déplacement en avion en Europe. 

“Je ne mets que 2h00 pour faire le trajet Paris Rome, génial!”

Non, nous passons primo 2 heures horribles sédatés à l'alcool et à la vidéo facile. On a dû patienter 2 heures à ne rien pouvoir faire ou presque avant et un peu après. On ajoute 2 heures de chaque côté pour rejoindre le centre ville. Au total 6 heures de presque non-vie, alors qu'en 10 heures de train, j'ai emporté un vélo, lu, travaillé, écrit ce témoignage, eu comme bureau des alpes mouvantes, appris l’italien... et encore il n'y a pas si longtemps c'était un décor de rêve, un décor de train de nuit.

Enfin en parallèle à ces deux points, la troisième recommandation/témoignage, serait celle de la question de la source d'énergie. Privilégions et observons les flux naturels. Un vent qui emporte, un muscle qui chauffe, un courant qui entraîne, un pied mis devant l'autre... un déplacement sensuel en somme. Là malheureusement, on fait face à l'offre disponible. Il ne reste plus qu'à demander à l'UGE d'acheter quelques vieux voiliers.


PS : Je passe le bilan de construction de tous les outils de déplacement et les types d'énergie utilisée. Ce n'est qu'une battle de greenwashing, car déplacer coûte. Reste qu'utiliser ce qui existe est mieux que de refaire, que réparer est mieux que recycler, etc…
 

Marc Poupee

Enseignant-chercheur en télédétection

Je travaille dans un laboratoire de recherche et il nous arrive régulièrement de partir à l'étranger en congrès.
Je suis donc amenée à prendre l'avion dans le cadre de mon travail et cela me pose questions.
J'ai par conséquent décidé de trouver une alternative à l'avion à chaque fois que c'est possible. 
C'est dans ce contexte que je suis allée en congrès en mai l'année dernière à Vienne en train de nuit.


J'ai eu quelques difficultés à réserver mon train car ce n'est pas habituel, de plus le billet de train est aussi cher que le billet d'avion (voir plus) et le trajet dure 15h en train pour 2h en avion.
Le train est direct mais il ne circule qu'un jour sur deux. Il part le soir vers 19h et arrive le lendemain matin entre 10 et 11h.
Ayant peur de ne pas bien dormir, j'ai choisi de partir le vendredi soir et de passer le week-end sur place pour pouvoir me reposer avant le congrès et visiter la ville tranquillement.
J'ai beaucoup aimé ce voyage. Le train ne roule pas très vite et on a le temps de bien profiter des paysages. Le trajet était calme et agréable.


J'étais dans un wagon-couchette avec 2 autres jeunes femmes (une française qui se rendait également au congrès et une autrichienne qui vit à Paris). Nous avons discuté et dîné ensemble, puis chacune s'est installée pour la nuit.
Je ne pensais pas dormir aussi bien, je me suis réveillée à quelques arrêts mais je me rendormais très vite, car le train berce.
Au matin, on nous apporte un petit déjeuner avec une boisson chaude puis on arrive en plein cœur de Vienne.
Je suis allée déjeuner avec la française puis nous sommes allées au marché ensemble, nous nous sommes également revues pendant le congrès.
Et pour la petite anecdote, j'ai également revu l'autrichienne car nous étions dans le même wagon-couchette au retour !

Je garde de cette expérience un très bon souvenir et je recommencerai avec plaisir.
 

Maylis Teyssendier-de-la-Serve

Ingénieure-chercheuse en géodésie

Ljubljana : une destination de stage dépaysantes accessibles en train.
 
Paris Gare de Lyon – Zürich HB en 4h04 de train, petite escale pour profiter du charme de Zürich, puis train de nuit direct jusqu’à Ljubljana : réveil pour voir défiler à la fenêtre du train le paysage Slovène et petit déjeuné dans un décor de carte postale.
Quand on voyage en train, le voyage commence dans le train. Les différentes escales permettent de découvrir plusieurs villes. Dans le cadre de mon voyage, j’ai combiné des vacances en Slovénie avec un voyage professionnel en Suisse.
Plus de détail sur la partie professionnelle du voyage dans le carnet de voyage.
 

Emmanuel Cledat

Enseignant-chercheur en photogrammétrie

Dans le cadre de mes fonctions précédentes, je devais participer à la délégation française pour une réunion à Madrid d’offices européens de propriété industrielle. J’avais participé à des réunions de ce type à Alicante, Athènes, Kilkenny et La Haye ; seule cette dernière ville m’avait permis un trajet en train depuis Paris. Programmer le déplacement Paris-Madrid en train a nécessité de convaincre le service financier de mon office : oui, la réduction de l’empreinte carbone était réelle par rapport à l’avion et justifiait l’écart de prix. Pour éviter les quelque dix heures de train (avec changement à Barcelone), j’ai combiné vacances et travail. Deux nuits à Figueras à l’aller et trois nuits à Gérone au retour devaient me permettre de découvrir des villes situées sur la ligne Paris-Barcelone et que je ne connaissais pas. Tout a parfaitement fonctionné à un virus près : la réunion était prévue le 10 mars 2020. L’office espagnol l’a annulée une semaine avant. J’ai préféré prendre une semaine de congé et racheter des billets de train pour profiter d’une bonne semaine de vacances - qui se sont avérées d’autant plus « lentes » que les derniers jours se sont déroulés dans une Espagne pratiquement à l’arrêt.
 

Nicolas Sennequier

Directeur de la recherche