Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Liina Laatikainen, je suis étudiante Finlandaise, je viens d’une licence géographie et aménagement à Lyon et je suis en Master 2 IGAST. Je joue au jeu de go depuis que je suis toute petite, c’est ce qui m’a conduit à être invitée aux championnats étudiants du pair go au Japon en décembre.
Peux-tu nous présenter le go ?
Le go se joue avec des pierres de 2 couleurs (noire et blanche) évoluant sur un plateau (appelé goban) avec un cadrillage de 19 lignes par 19.
Le but, c’est juste de construire un territoire plus important que celui de l’adversaire à l’aide de ses pierres. La notion la plus importante pour jouer, c’est la notion de liberté parce que nos pierres évoluent sur un cadrillage où elles ont 4 choix issus des 4 branches de l’intersection sur laquelle la pierre est placée. Si la pierre est entourée par les pierres de l’adversaire, elle n’a plus de libertés et devient capturée.
Les règles sont très simples et c’est ça qui fait du go un jeu si complexe, on commence avec un plateau vide, toutes les pierres ont les mêmes valeurs et les mêmes comportements, une fois que l’on a posé une pierre sur le plateau, elle ne peut plus bouger.
Une partie peut durer un quart d’heure mais généralement en tournoi, les parties durent environ 2 heures et parfois les parties de professionnels peuvent durer jusqu’à 2 jours mais c’est un peu extrême.
Comment as-tu découvert ce jeu ?
C’est grâce à mes parents, je n’ai aucun souvenir d’avoir appris le jeu parce que j’étais très jeune lorsque j’ai commencé à y jouer. Mes parents y jouent depuis leur jeunesse et sont très actifs dans les clubs de go donc j’y allais avec eux quand j’étais petite, j’ai aussi été à pas mal de tournois avec eux.
L’année dernière, quand j’ai emménagé à Paris, je me suis dit que ça pourrait être cool d’aller à un club de go à Paris, celui d’Aligre, pour faire connaissance avec des gens. C’était la première fois que j’allais toute seule dans un club de go. J’y ai beaucoup été l’année dernière et cette année j’ai participé à plusieurs tournois en France.
Tu as participé au championnat du monde étudiant de pair go à Tokyo, peux-tu nous en dire plus sur l'évènement ?
Cette année, c’était la 33ème édition du championnat du monde des amateurs de go, mais le tournoi amateur de go des étudiants existe depuis seulement 8 ans.
Le go en pair est plus récent que le go initial. C’est la fédération de go japonaise qui a créé cette pratique et ils invitent chaque année des binômes de partout dans le monde et ont également créé un tournoi de pair go uniquement pour des étudiants. Il se joue à 4 avec 2 binômes constitués d’un homme et d’une femme.
Le championnat s’est déroulé dans un hôtel à Tokyo, il a duré 2 jours et était constitué de 6 parties : 3 parties officielles de la compétition et 3 parties amicales avant ça où les équipes étaient mélangées afin de jouer avec d’autres binômes. Nous étions 8 équipes ce qui explique le faible nombre de parties officielles.
Avant le tournoi, je ne connaissais pas mon binôme, c’est tout le défi du pair go, on ne joue pas uniquement contre les adversaires, il faut aussi deviner ce que va faire l’autre membre son binôme.
Tous les joueurs du tournoi étaient très forts donc j’ai vraiment beaucoup appris en jouant avec les différentes personnes. Ça aide vraiment à créer du lien et à faire connaissance avec les personnes sur place. Sur ces 3 parties, nous avons réussi à en gagner une donc je suis très fière !
Ça m’a donné beaucoup de motivation à continuer le jeu de go et je trouve qu’en analysant les parties, j’ai vraiment beaucoup appris, notamment sur la façon de penser des autres joueurs.
C'était ta première fois au Japon ?
J’y avais été une fois quand j’avais 10 ans, pour le même championnat mais c’était mes parents qui jouaient. C’était dans le même hôtel et on avait pu visiter Tokyo. Ce qui m’a fait rire c’est que la première fois comme cette fois ci, les organisateurs demandaient aux participants de porter un costume national.
J’ai trouvé une robe traditionnelle finlandaise à Paris et donc on a fait un shooting avec tout le monde qui portait son costume national.
J’ai désormais une photo de 2010 avec moi toute petite portant une robe traditionnelle et une de moi maintenant à 23 ans, au même endroit avec une tenue similaire. D’ailleurs mon binôme et moi avons obtenu le prix des meilleures tenues !
Les 2 jours de tournois étaient très intenses et je ne suis pas trop sorti de l’hôtel mais je suis restée la semaine d’après pour visiter le Japon.
J’avais envie de visiter Kyoto et Nara parce que c’est quand même différent de Tokyo, Kyoto est une ville très traditionnelle et il y a beaucoup de bâtiments historiques et à Nara, il y a le biche (parc public de la ville).
Pourquoi apprécies-tu le go ?
J’aime bien la réflexion stratégique dans le go, j’apprécie beaucoup quand je vois des joueurs forts jouer, ça m’impressionne de voir à quel point ils sont capables de prévoir des séquences immenses et d’anticiper les prochaines phases de la partie. Mais aussi, j’aime beaucoup jouer en club car c’est très convivial, je n’aime pas trop jouer en ligne car c’est un jeu tellement social qu’on perd cette interaction à jouer en ligne.
C'est facile de rejoindre un club de go ?
Oui, il y a toujours des débutants qui viennent et des gens pour leur apprendre le jeu. La meilleure façon d’apprendre, c’est de jouer contre d’autres débutants. Je pense que le club est un environnement idéal pour ça. De plus, en France, aujourd’hui, il y a 96 clubs de go donc on peut trouver facilement.
À qui recommanderais-tu ce jeu ?
Je recommande le jeu à toutes celles et ceux qui s’intéressent aux jeux de stratégies, c’est comparable aux échecs mais la complexité est différente. Il y a beaucoup de gens qui s’intéressent à la culture japonaise mais aussi à l’intelligence artificielle qui ont commencé à jouer au go grâce à la visibilité autour de ces sujets.
C'est une bonne idée d'offrir un jeu de go comme cadeau de Noël ?
Oui ! C’est un bon cadeau et un ça ne coûte pas si cher. D’ailleurs, mon plateau de go était un cadeau de Noël de mes parents car ils étaient au courant que j’avais repris le jeu et ils voulaient m’offrir un plateau aimanté ce qui n’est pas traditionnel mais est pratique pour le transporter et l’utiliser un peu partout.